Le Président Serge Sargsyan a rencontré les représentants de la communauté arménienne à Marseille

08 december, 2011

Hier soir une réception a été donnée par le Maire de Marseille Jean-Claude Gaudin en l’honneur du Président Serge Sargsyan, en visite de travail à Marseille. Des représentants de la communauté arménienne y étaient également présents.

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Intervention du Président Serge Sargsyan lors de la rencontre avec des représentants de la communauté arménienne à Marseille

Chers compatriotes!
Mesdames et Messieurs,

Je remercie Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille et ami de longue date du peuple arménien pour cet accueil chaleureux et pour cette rencontre.

A chaque fois que j'ai l'occasion de rencontrer la communauté arménienne dans un pays étranger, j'éprouve un sentiment de fierté en constatant la réussite de nos compatriotes.

Marseille a une place toute particulière dans l'histoire de la communauté arménienne de France. Etant l'un des plus importants ports sur la mer Méditerranée, Marseille a accueilli des centaines de survivants du génocide arménien, les gens qui avaient traversé des douleurs inhumaines, mais n'avaient jamais perdu leur foi en l'humanité et la création.

De nombreux survivants du génocide se sont installés à Marseille. Vous êtes leur génération. Le chemin qu'ont traversé vos parents et grands-parents a merveilleusement bien documenté et montré d'une manière artistique Henry Verneuil, dans son film "Mayrik". Les premières scènes de ce film montrent comment les Arméniens, privés de tout ce qu'ils avaient, de leurs toits, leurs biens et leur terre, suivaient au port de Marseille le jugement de Soghomon Tehlirian. Chaque nouvelle, venue de la salle du tribunal de Berlin, trouvait un écho parmi les arméniens réfugiés au port de Marseille. Et au moment où ils ont reçu la nouvelle de l'acquittement de Tehlirian, ces gens ont vécu une joie, la joie de la justice.

Tous les arméniens, qu'ils soient en Arménie, en Artsakh ou dans la Diaspora, exigent la justice. Nous ne prêchons pas la haine ou la vengeance, même si les négationnistes de cette grande tragédie du peuple arménien essayent de nous orienter vers cette voie. Ils nous sous-estiment tout simplement.

Nous avons été si forts que nous avons survécu le Génocide et nous avons d'autant de force pour réclamer la justice. Après avoir exterminé nos ancêtres de leur terre natale, la dernière étape du Génocide est d'effacer la mémoire de ce terrible crime. Mais nous sommes solidaires et nous ne le permettrons jamais.

L’humanité progressiste est avec nous et le discours du Maire, ainsi que les événements récents montrent clairement la position de la France et du peuple français. Je voudrais dire à mes compatriotes que la dernière visite du Président français Nicolas Sarkozy à Erevan était réellement historique. Aucun Chef d’Etat n’avait tenu de tels propos concernant notre douleur et problèmes du peuple arménien, notamment les relations arméno-turques, le Génocide arménien et nous devons tout simplement être reconnaissant au Président sage de ce pays magnifique.

Nous sommes convaincus que la Turquie doit se repentir. Ce n'est ni une pré-condition, ni un désir de vengeance. La Turquie doit regarder droit face à son histoire. Peut être qu'un jour les dirigeants turcs trouveront en eux la force pour revoir leur approche au sujet du Génocide arménien.

Notre position n'a pas changé, et elle est claire. Nous sommes prêts à avoir des relations normales avec la Turquie, comme il se doit aux pays voisins. Nous en avons des exemples, comme la Pologne et l'Allemagne, dont le chancelier Willie Brandt, reconnaissant le crime commis par son pays, s'est agenouillé au Ghetto de Varsovie.

Tôt ou tard, la Turquie qui s'estime être un pays européen, aura des dirigeants dignes de l'Europe qui s'inclinera à Tsitsernakaberd. Mieux vaut tôt pour le peuple turc, mais c'est à lui seul de décider. Nous ne lui imposons rien. Ils doivent le faire pour le peuple turc, comme l'a fait Willie Brandt pour le peuple allemand.

Mesdames et Messieurs,

La délégation que je conduis est arrivée à Marseille pour participer au Congrès du Parti populaire européen. Indépendamment de nos attentes et des résultats que nous obtiendrons, c'est un pas important sur le chemin de l'intégration de l'Arménie à l'Europe. Je voudrais dire à mes compatriotes qu’aujourd’hui le président du Parti populaire européen en me remettant l’insigne du PPE m’as dit que nous étions désormais membre de la famille politique européenne. C’est un acquis important pour nous. Ce qui importe également pour nous, c’est que cet événement important a eu lieu à Marseille.

Nous avons eu plusieurs occasions de dire que la direction européenne est pour nous une priorité. Durant les dernières années, nous avons enregistré des succès considérables dans ce domaine. L'Union européenne est non seulement devenue l'une de nos partenaires importantes, mais elle a un rôle essentiel sur le plan intérieur de l'Arménie, en contribuant aux réformes dans notre pays et le renforcement de notre économie et de la stabilité en générale.

L'une des directions essentielles de notre politique est d'assurer la place méritée et le rôle de l'Arménie dans les structures paneuropéennes. Ceci concerne tout le système politique du pays. Aujourd'hui, le système politique de l'Arménie devient européen, adopte les valeurs européennes et j'espère également la pratique européenne.

Dans ce contexte, je voudrais remercier tout particulièrement nos partenaires européens et notamment le Président français, le grand ami du peuple arménien, pour le soutien apporté à nos efforts.

Qui, sinon les arméniens de Europe, peuvent nous être utiles dans ce chemin. L'institut de la double nationalité est aujourd'hui une réalité. En principe, nous avons supprimé la barrière psychologique qui constituait un obstacle pour la Diaspora. Et je suis heureux de pouvoir dire aujourd'hui que beaucoup de nos compatriotes ont une participation active et directe dans la vie de l'Arménie. L’expression «arménien de la diaspora» est pour moi étrangère, car un arménien est un arménien où qu’il vive.

Bien sûr, que ce n'est pas facile. Il n'est pas facile de quitter l'environnement familier et d'entreprendre une nouvelle affaire dans un pays qui tout en étant cher au cœur, est en réalité inconnu. Mais pour ceci, il faut discuter des problèmes ouvertement et en toute liberté, pour que dans notre Patrie gagnent les règles du jeu européennes. L'identification des défaillances n'est que la moitié de l'affaire. Nous avons des progrès significatifs, mais nous sommes également conscients des problèmes qui persistent encore. Ensemble, nous devons chercher les moyens de surmonter les difficultés et partager l'honneur et la responsabilité du succès.

Nous vous invitons tous à vous engager dans cette cause noble. Nous nous adressons à vous comme aux membres de la famille. Et en tant que membres de la même famille, nous devons surmonter nos problèmes ensemble. Nous devons discuter de nos problèmes sans éviter la part de notre responsabilité. Le premier responsable pour ces défaillances, c’est bien sur moi. Mais je voudrais que vous participiez tous à la vie de l’Arménie, en partageant aussi bien la responsabilité, que l’honneur de la réussite.

Mesdames et Messieurs,

A la fin, je voudrais vous annoncer une bonne nouvelle. La veille de ma visite, j'ai signé le Décret concernant l'ouverture dans la Ville de Marseille d'un Consulat général de la République d'Arménie. Dorénavant, Erevan et Marseille seront liés davantage et le Consulat général de notre pays fonctionnera aux cotés des institutions traditionnelles arméniennes. Je remercie bien sur M. Sermakech pour sa participation.

Dans le contexte des relations amicales et multiforme entre l'Arménie et la France, l'établissement de ce Consulat général rendra plus efficace les services consulaires de notre pays.

En concluant mon discours, je remercie encore une fois la France et les arméniens de France, les marseillais et particulièrement les arméniens de Marseille pour leur accueil, leur enthousiasme et leur réussite. Je vous remercie. Je remercie chaleureusement M. Gaudin et je l’invite avec plaisir à Erevan.