Discours du Ministre des Affaires étrangères de la République d'Arménie Edward Nalbandian lors de la 38ème session de la Conférence gén&

06 november, 2015

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Je félicite M. Stanley Smataa pour son élection en tant que Président de la 38ème session de la Conférence générale de l'UNESCO, et j’adresse nos remerciements au Président sortant M. Hao Ping.

Monsieur le Président,

Depuis sa création en 1945, l'UNESCO a réalisé un travail important en unissant les efforts des Etats pour la promotion de la paix et le développement durable à travers l'éducation, la science et la culture.

Dans le cadre du 70ème anniversaire, l'Arménie a accueilli la Conférence internationale sur "La politique culturelle: une politique pour la culture, le rôle de la culture dans le développement durable après 2015" avec la participation de représentants de plus de 40 pays et organisations internationales. La "Déclaration d’Erevan", adoptée par la Conférence, condamne la destruction des trésors du patrimoine culturel de l'humanité. Malheureusement, aujourd'hui, cette question est devenue plus importante que jamais. À cet égard, la situation actuelle au Moyen-Orient est un sujet de grave préoccupation.

La destruction par les terroristes de nombreux lieux sacrés et des anciens monuments culturels de Palmyre et de Nimrod, l'explosion de l'Eglise arménienne des Saints Martyrs à Deir ez-Zor, sanctuaire des reliques de nombreuses victimes du Génocide Arménien, et les autres actes barbares semblables sont des crimes commis contre la civilisation. Ils nous rappellent les précédents actes barbares similaires contre le patrimoine culturel de l'humanité - comme la destruction des statues de Bouddha au Bamiyan, des mausolées de Tombouctou et des milliers de Croix de pierre arméniennes médiévales au Nakhitchevan. Ces crimes n’ont pas été condamnés à l'époque, ouvrant la voie à de nouvelles atrocités. L'histoire montre que l'impunité donne naissance à de nouveaux crimes.

Monsieur le Président

À une époque où la protection et la promotion des droits de l'homme sont considérées comme le concept clé du monde civilisé, l'intolérance envers les valeurs des autres civilisations, le dommage intentionnel ou la destruction du patrimoine culturel ou religieux, doivent être condamnés avec la même détermination que la violence contre les personnes. La communauté internationale doit agir de manière résolue et rapidement pour protéger ce qui est encore possible de préserver.

Monsieur le Président,

L'Arménie a constamment attiré l'attention de cet organisme sur la situation déplorable de l'héritage culturel arménien en Azerbaïdjan. Dans la région de Nakhitchevan, des milliers de Croix de pierre médiévaux, des centaines d'églises arméniennes, des monastères et autres lieux sacrés ont été complètement détruits par l'Azerbaïdjan dans une volonté d’effacer toutes traces du peuple qui a habité la région pendant des siècles et qui a donné le nom "Nakhitchevan", qui en arménien signifie littéralement "la première place de la descente", une référence à la descente biblique de Noé. Dans son rapport publié récemment en 2015, la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale a fait une référence à la cimetière arménienne vandalisée au Nakhitchevan et a indiqué que la liberté religieuse en Azerbaïdjan continue de se détériorer, notamment en apportant l’exemple de la seule église arménienne restante de Bakou qui est actuellement utilisée comme archive de l'administration présidentielle et de l'Eglise luthérienne transformée en une salle de concert. Si nous - l'UNESCO et les autres organisations internationales, n’agissons pas aujourd'hui, quel avenir sera réservé demain à ces monuments et à de nombreux autres qui sont en danger?

Contrairement à cela, l'Iran voisin a fait de grands efforts pour préserver et protéger le patrimoine culturel arménien. Les temples arméniens de l'Iran, dont le plus ancien date du 7ème siècle, ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial par le gouvernement iranien. Pour notre part, l'Arménie reconstruit la mosquée Bleu iranienne du 18ème siècle à Erevan, et va l'inscrire sur la Liste du patrimoine mondial.

L’Arménie essaie d'apporter sa propre contribution aux efforts visant à la préservation du patrimoine culturel mondial, y compris par un engagement constructif auprès des organes compétents de l'UNESCO. En 2013, l'Arménie est devenue membre du Comité intergouvernemental pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé. Un an plus tard, nous avons été élus vice-président du Bureau du Comité. Cette année, nous avons rejoint la Commission à la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels.

Monsieur le Président,

La Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention de l'UNESCO contre la discrimination dans l'éducation stipulent que l'éducation doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre les peuples, les groupes raciaux ou religieux. Prenant en considération le rôle unique de l'UNESCO dans le domaine de l'éducation, nous appelons l'Organisation à créer dans le cadre de ses programmes éducatifs un mécanisme de suivi qui va examiner et évaluer les manuels scolaires des Etats membres, en particulier en histoire et en sciences sociales, avec une attention particulière sur l'exclusion de l'intolérance et de la xénophobie.

L’Azerbaïdjan tente de fausser et de modifier le patrimoine arménien séculaire, la culture et l'histoire. Dans ce pays, la réécriture de sa propre histoire se poursuit par le détournement ou l'anéantissement des traces des autres cultures sur leur territoire, ou même plus, par la privatisation du patrimoine culturel des nations voisines. Un pays qui est apparu sur la carte politique du monde il y a moins de cent ans a des revendications culturelles envers un pays et un peuple dont l’histoire de plusieurs millénaires est inscrite depuis l'antiquité.

En tant que membre de la famille de l'UNESCO, nous soutenons le développement d’un système éducatif complet, l’exclusion de toute forme de discrimination, la promotion de l'égalité des chances pour tous dans l'éducation. À cet égard, je voudrais souligner l'importance de ne laisser personne en dehors des programmes éducatifs et des projets de l'UNESCO, y compris ceux qui vivent dans les territoires dont le statut politique n’est pas déterminé en attendant le règlement dans les processus de négociation. L’UNESCO doit assurer le caractère global de ses activités, sans distinction de considérations politiques, économiques, sociales ou autres.

Monsieur le Président,

Il y a 70 ans, l’objectif commun de créer un monde meilleur pour les générations à venir a été à la base de la création de cette Organisation. Tant que ses priorités et ses objectifs continuent d'être pertinents, leur mise en œuvre continuera d'être basée sur l'harmonie de l'action et le plein respect des valeurs et principes de l'UNESCO. Toute tentative d’entrainer l'Organisation dans une propagande de différend dans le but de promouvoir le propre agenda politique d’un Etat en contradiction avec ces valeurs devrait être résolument et immédiatement empêchée.

L'Arménie est fermement attachée aux valeurs et objectifs de l'UNESCO et poursuivra le développement de son implication dans les initiatives et programmes de l'UNESCO.

Merci.

MAE RA
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